vendredi 30 juin à 20 heures

Rencontre avec

Jean-Pierre Ferrini

A l'occasion de la parution aux éditions Le temps qu’il fait de

 Je cherchais un pays

Gustave Courbet, Vue d’Ornans (Le Pont de Scey), 1853-1857

« Je tâtonnais dans le noir, noircissais mes carnets, cherchais un pays. »

« Déréliction, c’est le premier mot qui vient, que j’entends, que j’ai entendu. Déréliction : état de l’homme qui se sent abandonné, isolé, privé de tout secours. L’eau coule, elle coule de la bouche du sphinx dans la lumière électrique de la fontaine. Je suis place du Châtelet, dans le ventre de Paris, et je repense soudain à la Franche-Comté où j’ai passé mon enfance, cette Franche-Comté de Gustave Courbet. Une naissance à Ornans ? La bouche du sphinx se transforme, devient une source. »

« Au départ, j’ignorais que les parties qui composent Je cherchais un pays n’étaient que les chapitres d’un livre que je porte en moi depuis longtemps. Il a fallu que je commence à en entrevoir la fin pour comprendre que chaque texte se répondait en se complétant jusqu’à former un cycle qui raconte désormais une même histoire […].

Quand j’ai commencé d’écrire, il ne s’agissait que de notations, brèves pour la plupart, dans des carnets. Je n’écrivais pas vraiment. Lorsque je m’essayais à un « récit », il se morcelait, se perdait, dans le meilleur des cas, en « poème ». […] Je tâtonnais dans le noir, noircissais mes carnets, cherchais un pays. […]

Gustave Courbet, Cesare Pavese ou les poétes Iraniens sont ainsi apparus comme des guides de mes pérégrinations. J’écrivais sur eux et ils me permettaient de coordonner quelque chose de moi-même, le pays que je cherchais, une enfance franc-comtoise, des origines italiennes ou celles, persiques, de la femme qui partage ma vie. Dans l’un et l’autre cas, le topos était littéraire : retour au pays, voyages en Italie et en Orient. […]

La lecture se transformait en une « expérience singulière », jouait le rôle de trait d’union entre le thème et son prédicat (« Je cherchais » et « un pays »), l’essai donnant corps par là même à un récit autobiographique ou d’apprentissage ou à ce qu’on pourrait désigner par le terme d’autopographie. L’imparfait indique que la réponse est au bout du voyage. »

Jean-Pierre Ferrini in Je cherchais un pays.

Né en 1963 à Besançon, Jean-Pierre Ferrini publie Je cherchais un pays, cycle autobiographique composé à partir de différents récits, inédits ou parus ces dernières années. Il est encore l’auteur de Et in Arcadia ego (Le temps qu’il fait, 2019) et d’Un voyage en Italie (Arléa, 2021). Il a également publié des essais critique, notamment sur l’œuvre de Dante.